L'informatique – technologie de traitement de l'information – est fondamentale, notamment aux niveaux économique et politique :
économie : l'informatique est devenue un élément constitutif d'un nombre croissant de biens & services de consommation, comme de production.
Le caractère universel de l'informatique apparaît de façon flagrante dans le fait que la question : "combien il y a-t-il de micro-ordinateurs dans un lave-vaisselle, ou encore dans une voiture ?" fait sens, alors que la question inverse est totalement absurde.
politique : l'informatique constitue le lien entre le monde des idées et celui des objets, c-à-d entre la pensée et l'action. Cela au niveau d'un réseau (notions de nombre de noeuds≡utilisateurs et de distance entre ceux-ci). Ainsi, l'informatique permet la création d'une intelligence collective.
Or, l'analphabétisme informatique est malheureusement la norme plutôt que l'exception. Ainsi, il touche même de nombreux étudiants universitaires, et la plupart des cadres supérieurs.
La maîtrise du savoir faire informatique ne se limite pas aux fonction de base de Word, PowerPoint et Excel ! Il s'agit également de maîtriser le fonctionnement du système d'exploitation, et d'être capable de développer son propre site web, ce qui dans les deux cas requiert d'être capable de programmer.
Ainsi l'analphabétisme informatique freine le développement économique et politique de la société, en favorisant le consumérisme fétichiste du technologisme informationnel, c-à-d la consommation de certains biens & services technologiques malgré que leur ratio avantages/inconvénients n'est pas favorable : télévision et smartphone, vecteurs de l'info-addiction et de l'addiction aux jeux vidéos. On notera qu'il s'agit d'un cercle vicieux : l'analphabétisme informatique stimule l'addiction (enfermement consumériste), qui bloque l'apprentissage des technologies informatiques (émancipation productive), et partant, le développement de la productivité des individus (aux niveau économique comme politique).
L'analphabétisme, forme grave de l’illettrisme, est l'incapacité à lire et écrire [source].
Lorsqu'on analyse le phénomène d'analphabétisme, il est utile de souligner ces propriétés fondamentales qui distinguent lecture et écriture :
Ainsi, dans la mesure où consommer est moins émancipant (mais aussi plus facile) que produire, l'incapacité d'écrire est encore plus handicapante que l'incapacité de lire.
Or force est de constater que dans les systèmes politiques non démocratiques (c-à-d tous à ce jour, puisque la démocratie directe n'existe pas encore), les politiques publiques de lutte contre l'analphabétisme informatique se contentent volontiers de remédier à la seule incapacité à lire c-à-d à consommer des produits et services numériques. Cela n'est pas particulièrement surprenant : toute classe dirigeante tend à maintenir la population dans l'incapacité de produire librement. Ainsi, par exemple, l'Union européenne impose une quantité gigantesque et toujours grandissante de réglementations étouffant les petites entreprises, au profit des grandes ... qui sont les principales initiatrices de l'UE.
Consommer. Dans le paradigme actuel, la consommation numérique consiste en réalité à fournir des données d'utilisateur (nom, adresse, sexe, âge,...) et des données d'utilisation (images regardées, textes lus, ...) comme moyen de paiement pour des services présentés fallacieusement comme "gratuits" (email, réseaux sociaux, jeux en ligne, ...). Ce paiement consiste donc en la révélation de vos centres d'intérêts, ce qui permettra à des forces économiques d'afficher sur votre écran des publicités personnalisées, et à des forces sécuritaires (police, armée) ou politiques (services de renseignement) de surveiller la population voire des individus. Forces économiques et politiques sont généralement intimement liées.
Publicité/propagande furtive. Les messages de propagande (économique comme politique) sont d'autant plus efficaces lorsqu'ils ne sont pas présentés pas comme tels, abaissant ainsi le niveau de vigilance du lecteur. La corruption des pouvoirs exécutif et législatif apparaît dans le fait que la publicité furtive n'est pas interdite, et fait ainsi l'objet d'un marché croissant.
Produire. Lorsque vous propagez sur les réseaux sociaux un article ou une vidéo dont vous n'êtes pas l'auteur, vous n'avez rien produit, mais juste révélé certains de vos centres d'intérêt. La production de données numériques concerne la publication de textes/images/sons originaux, dont une forme à haute valeur ajoutée est le programme informatique.
La "particule élémentaire" de tout objet numérique est le bit, c-à-d un chiffre pouvant prendre la valeur 1 ou zéro, ce qui correspond physiquement à la présence (1) ou l'absence (0) d'un courant électrique au travers d'un processeur.
L’avènement des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), durant les années 2000, a provoqué un recul de la lecture de livres.
1992 : ouverture d'Internet au grand public
2004 : création de Facebook
2005 : création de YouTube
2007 : Apple lance son premier iPhone
Au temps consacré à la lecture (et à la télévision), fut substitué du temps de visionnage de vidéos. Cette évolution n'est pas sans sans effets substantiels au niveau cognitif. En effet :
Par conséquent, toute autre chose étant égale, la substitution progressive de la vidéo au texte devrait logiquement inhiber les capacités d'analyse, d'étude et de sens critique au sein de la population. D'autre part, rien ne permet d'affirmer qu'une meilleure perception intuitive des messages permettrait de neutraliser le conditionnement cognitif induit par la publicité et la propagande.
Le site clipedia-txt.net/ (formation gratuite de culture générale scientifique) illustre parfaitement la complémentarité entre les langages textuel et vidéo.
Cette évolution fut accompagnée d'une régression des capacités d'écriture courante, y compris parmi les étudiants universitaires, aujourd'hui incapables d'écrire une phrase sans faute d'orthographe ou de grammaire. Or l'incapacité d'écrire sans faute d'orthographe ni de grammaire est fondamentale pour la programmation informatique, car contrairement au langage courant, dont le fond demeure correctement signifiant malgré la plupart des erreurs, cette tolérance est quasiment inexistante dans le cas des langages informatiques : une seule faute d'orthographe ou de grammaire informatique provoque le "plantage" de tout ou partie du programme.
Langages de programmation
En cliquant sur le bouton, vous provoquerez l'affichage de la date :
Date :
Voici le code correspondant à cet encadré, écrit en langages HTML, CSS et Javascript :
Intuitifs. Même si vous n'avez aucune notion d'informatique, il est possible de deviner la signification de chacune des chaînes de caractères (c-à-d tout ce qui est entouré par un espace) de chacune des lignes de cet algorithme. La lectrice est vivement invitée à faire l'exercice deux ou trois fois d'affilée (éventuellement à l'aide d'un dictionnaire anglais-français).
Complémentaires. Dans le code-ci-dessus, essayez d'identifier le langage de chaque ligne ou portions de chaînes de caractères [réponses].
Dès le début des années 1990, il était évident que la combinaison entre ordinateur de bureau (PC), Internet, et miniaturisation allait faire de l'informatique un élément fondamental, non seulement de la quasi totalité des processus productifs, mais également des produits et services de consommation.
Il est donc absolument incompréhensible qu'à l'exception de quelques pays tels que Taïwan, la Corée du sud ou encore Israël, il ait fallu plus de vingt ans avant que l'informatique commence à trouver une (petite) place dans le programme de l'enseignement obligatoire. Mais un programme n'est pas suffisant. Encore faut-il des enseignants capables d'enseigner l'informatique, et suffisamment nombreux. Or les informaticiens trouvent un rapport rémunération/stress du travail nettement plus élevé dans les entreprise privées que dans l'enseignement. La passivité du pouvoir judiciaire par rapport aux faits de violence et de racket en milieu scolaire (dans le chef d'élèves ou de leurs parents) diminue considérablement la valeur du ratio rémunération/stress des enseignants.
On ne s'étonnera donc pas que les cours d'informatique dans les écoles consistent essentiellement à utiliser les fonctions de bases de produits Microsoft (Word et Excel), plutôt qu'à programmer, ou encore à remplacer le système d'exploitation Windows ou Mac par Linux Debian (qui comprend pourtant des produits équivalents à Word et Excel, sous forme de logiciels ouverts et gratuits).
Mais le dilettantisme ou l'incompétence des détenants des pouvoirs exécutif et judiciaire sont-ils les seules causes possibles de cette situation ?
Bill Gates reçu par le président du Parlement belge. Pourquoi ce privilège ?
Business et politique. En 2005, à l'occasion de sa visite à la Commission de l'UE, Bill Gates [source], PDG de Microsoft, a été reçu en chef d'État par Herman De Croo, président du Parlement belge, ce qui est un privilège inacceptable. Or force est de constater que cette visite a été suivie par la décision de la plupart des gouvernements européens de ne pas remplacer les logiciels Microsoft (en particulier le système d'exploitation) par des logiciels libres dans les administrations publiques. Et cela alors que le rapport qualité/prix des logiciels libres est nettement supérieur à celui des logiciels Microsoft.
Or le principe du logiciel libre est connu pour augmenter le niveau de culture informatique de ses utilisateurs, en stimulant une approche proactive, et aussi grâce à l'activité d'une très efficace communauté d'entraide (développeurs et utilisateurs). D'autre part, la capacité de cette communauté à améliorer encore la qualité des logiciels libres aurait été démultipliée si la demande étatique de services informatiques s'était tournée vers elle plutôt que vers le big business (rappel : le logiciel libre autorise sa commercialisation : approfondir).
Les marchés publics offerts au big business par les chefs de gouvernements européens ne concerne pas que les logiciels. Concernant la partie "data", il est frappant de constater que c'est le fils de ce même Herman Decroo, Alexander, qui lorsqu'il était ministre des télécommunications (2014-2018) a littéralement livré le registre national à un consortium privé composé de quatre grandes banques (ING, BNP Paribas Fortis, Belfius et KBC) et des trois principaux opérateurs de réseaux mobiles du pays (Proximus, Base/Telenet et Orange) [approfondir]. Alexander Decroo est devenu premier Ministre du gouvernement belge en octobre 2020...
Soulignons également que les militaires considèrent aujourd'hui l'informatique comme une arme (cf. la notions de cyberguerre). Par conséquent, l'analphabétisme informatique organisé pourrait être considéré, par la classe dirigeante, comme un moyen de priver la population de cette arme (de défense comme d'attaque, contre un gouvernement totalitaire). Dans cette optique, le gouvernement viserait à concentrer l'enseignement obligatoire de l'informatique sur la consommation numérique (dont le technologisme) plutôt que sur la production informatique (dont la programmation).
L’analphabétisme informatique est caractérisée par deux tendances étrangement contradictoires :
d'une part, un fétichisme technologique consumériste, consistant en l'utilisation frénétique de certaines technologies, malgré que leur ratio coût/bénéfice soit défavorable pour le consommateur (cf. télévision et smartphone, vecteurs de l'info-addiction et des jeux vidéos) ;
Ainsi peut-être faites-vous vous-même partie de ces personnes (très nombreuses, notamment dans les milieux complotistes) qui dénoncent l'omniprésence envahissante des technologies de l'information (systèmes de paiement, géolocalisation, etc) ... tout en possédant un smartphone dans la poche, un GPS dans leur voiture et une télévision (grand écran + abonnement) à la maison ! Et cela alors que la vie sociale et professionnelle est possible, et bien plus agréable, sans ces kystes technologiques.
L'ordinateur portable est certes aussi un vecteur potentiel d'addictions consuméristes, mais son ratio d'utilisation productive libre / consumériste est le plus élevé, et de très loin ! Ainsi il est quasi nul pour le smartphone et la TV : concernant le numérateur, remplacez l'ordinateur de table par le smartphone ou la TV pour gérer vos activités (professionnelles comme privées), et vous verrez ...
Pour assumer vos responsabilités individuelles, voici type deux d'actions complémentaires, constituées de conditions à l'émancipation et la citoyenneté informatique :
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Auteur : F. Jortay | Contact : | Suivre : infolettre